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  • Photo du rédacteurKarin

Derniers musées

C’est étonnant quand même la vie.

Rassurez-vous, même si ça commence mal, je ne vais pas philosopher très longtemps.

Pour une brève visite à Lausanne, nous avons passé deux fois les Alpes et depuis notre déménagement, forcément, les sentiments sont chamboulés et les serrements de coeur ne se font plus pour les mêmes raisons. Dorénavant, je rentre chez moi alors qu’auparavant je quittais la maison de vacances. Et le trajet que je préfère n’a pas changé. Même s’il est vrai que la plupart de mes êtres chers sont restés de l’autre côté.

Pour franchir les Alpes, nous n'avons pas un choix extrêmement étendu et préférons le Nufenen tant qu'il est ouvert.


Photos de mes archives


Le 💚


A cet endroit précis après les lacets du col côté valaisan, passé le coeur qui faisait encore diversion, Cunégonde, petite fille, fondait en interminables torrents de larmes qu’elle retenait depuis le départ, cela se muait en sanglots déchirants et l’on devait s’arrêter au bord de la route, après le petit pont étroit.

- Mais qu’est-ce qui se passe?

- Je veux pas quitter mon Tessin-inininin!

Si ça se trouve, Mélusine son aînée s’y mettait aussi par solidarité. Et je continuais la route l’estomac noué parce que j’aurais voulu pleurer aussi pour la même raison mais j’étais trop grande. La chose m’avait prise assez jeune également, lorsque mes grands-parents agitaient leurs mains au bout du chemin et s’éloignaient dans la lunette arrière. Ma grand-mère courait encore à la fenêtre de sa chambre pour nous voir passer dans le virage et brandir son mouchoir. Je me tassais sur mon siège et m'éloignais de mon frère qui se réjouissait indécemment de retrouver sa chambre et ses copains. Le nez collé à la vitre je laissais défiler mon spleen sur plus de 300 kilomètres.

Le trajet par le Nufenen n’est pas des plus rapides mais vaut le coup d’oeil. Passé le col et son paysage lunaire, la vallée de Conches est magnifique pour qui aime les géraniums. Mais non, je déconne! J’aime pas les géraniums mais j’apprécie le paysage, les mazots, les églises délicates et les pâturages vert tendre.




Ce sont des pétunias.


Il faut dire que pour apprécier le paysage, on a le temps. D’une part, la vallée s'étire sur des kilomètres aux reliefs tourmentés en traversant plein de petits villages. D'autre part, sur ces routes de montagne, vous pouvez imaginer que les ralentissements sont rarement provoqués par des marmottes. On peut même tomber sur un combo:

  • un habitant du Plat Pays

  • d’un certain âge

  • conduisant un bus camping

  • dont il a reçu les clés la veille

Au retour, on a participé aussi à un truc sympa, la course cycliste. Passé le col, le blason tessinois a dû en doper un qui s’est pris pour Tomba et a effectué sa descente en roulant au milieu de la route, ayant certainement décidé qu’on avait envie de voir son cul jusqu’à Airolo.


Bon, allez, vivement qu’on arrive à Lausanne, il n’y aura plus de sujets pour râler 😂 Depuis ma dernière visite il y a cinq mois, je ne reconnais plus le quartier sous-gare et tiens, je ne peux plus prendre cette rue, il y a une piste cyclable. De manière générale, j’en viens à douter de la validité de mon permis de conduire et je ne suis pas loin d’être aussi stressée que la fois où j’ai dû me rendre au centre de Lyon en m'auto-gérant sur le périphe. C’est quoi, cette jungle!?

Pour cette raison peut-être, j’ai inconsciemment évité le tourisme en ville et préféré des activités plus décentrées. Dont la découverte du nouveau musée cantonal des Beaux-Arts, à la gare. Question architecture extérieure, on peut dire pour résumer que cela n’a rien à voir avec notre approche personnelle de reconstruction bioéthique en murs de paille et que les actionnaires d’Holcim doivent se frotter les mains.





A l’intérieur, les espaces sont impressionnants, l’entrée majestueuse.



Mais dès la première salle cela se gâte pour moi. Je précise être venue ici sans avoir pris connaissance des expositions et dans le but premier de découvrir le lieu. J’essaierai donc de critiquer un minimum et de prendre sur moi: je ne capte décidément rien à l’art contemporain. Du moins, à un certain type d’art contemporain. Celui qui peut éventuellement se comprendre en lisant un manuel. Mes lunettes-loupes sont dans mon sac que l'on m'a fait mettre dans un casier. Il ne me reste plus qu’à regarder les oeuvres et à douter.

Dans une première exposition aux présentations floues et vacillantes, la seule chose qui m’aura fait tilt sera d’avoir cru pendant un laps de temps en me retournant que ce tableau était en train de tomber.



Une deuxième salle annonce déjà par le titre de l’expo de grands moments de masturbation de neurones.


Jardin d’Hiver #1

Comment peut-on être

(du village d’à côté) persan (martien)?


Hein? (ça c’est de moi)


Peut-être que ces étudiantes de l’ECAL aux airs inspirés pourraient éclaircir ma lanterne. Je ne suis même pas sûre d’en avoir envie. Comme dit ma maman, l’espace est intéressant. Pour moi qui fait brocante, ça me parle un peu. Tiens, voilà ce qu’on pourrait faire de nos meubles plutôt que les restaurer.


Dans un mur

Une boucle de rideau

Dorée

Et une fausse mèche

Longue et rose

Cascade

Vous voyez que ça m’inspire. J’avoue, les cafetières italiennes qui parlent toutes les langues, c’était rigolo. Pour le reste, j’ai un peu zappé, les étudiantes étaient dans mes pattes pour les photos et je suffoquais derrière mon masque. Dans une chambrette, une échelle et un ruban de chantier me font penser à un vieux billet qui est lui aussi un grand moment de solitude artistique. Il s’agit de la visite du Fri-Art avec mon pote Antoine.


Avec la collection permanente, je retrouve progressivement quelques couleurs et ma foi en l’art. Voyez-vous, même les oeuvres modernes peuvent m’inspirer. Quant au tableau rouge, bon, on revient à du connu.



Facile ! comme disait mon cousin en visitant une expo de Picasso.


Auprès des plus classiques, je suis spécialement impressionnée par les toiles majestueuses d’Eugène Burnand et d'Ernest Biéler et par ces cadres, mon pauvre ami de Morges!





Le taureau de Burnand et la vache de Chapatte au lendemain de la victoire de la Suisse contre la France à l'Euro.


Déjà, il est temps de rentrer dans notre trou perdu où l’art contemporain et l’activité citadine nous manqueront finalement assez peu. En cette fin du mois de septembre, en voyant le nombre de plaques étrangères continuer à descendre vers le Sud, cela a de quoi me rendre sceptique. Au cas où un virus circulait, il y aurait un sacré brassage.

On me souffle dans l’oreillette qu’ils sont tous vaccinés.

Ah, alors ça va.


Cependant, s'il y a bien une exposition que je souhaiterais voir avant notre mise au ban de la culture, c'est celle de Nicolas Party, Rovine, au LAC de Lugano. Si bien que mon comparse et moi nous sommes octroyés une dernière sortie dans ce lieu que j'apprécie. A mon humble avis de béotienne, le LAC de Lugano est la preuve que l'on peut allier harmonieusement le moderne et l'ancien. Même si le bâtiment flambant neuf prenait l'eau dès les premiers mois de son ouverture.




Nous commençons par aller voir les deux autres expositions aux étages.

L'une d'elles se nomme


"Des grandes peintures de moi avec des petites peintures d'autres"


Il s'agit d'un artiste collectionneur, Albert Oehlen, qui a ainsi fait de subtils mélanges en enlevant à dessein toutes les étiquettes. Lorsqu'il parle de ses grandes peintures, je pense que c'est par la taille, à l'image de ce collage de 2m40 sur 1m70 qui pourrait me faire dire derrière mon masque "Je vois pas pourquoi Ducros se décarcasse" en pensant aux miens, de collages. Un dépliant Aldi, et puis c'est marre!


Photo Stefan Rohner

Quelques oeuvres, notamment des portraits, m'attirent cependant l'oeil mais je ne peux m'empêcher de repenser à tout ce qu'a dit ma copine Cécile la veille sur cette exposition qu'elle a déjà vue et je pouffe devant le pâté de résine brunâtre qui représente un tas de cochon aux trous béants. Oui. C'est du lard. Y en a qui rigolent moins, ce sont les gardiens. Alors qu'il n'y a presque personne, à part un illuminé qui s'est assis avec un audio-guide au milieu de la salle, on se sent suivi et lourdement surveillé. Et alors que j'arrive au bout de l'espace, je me demande où est la sculpture plus vraie que nature dont parlait Cécile. Serait-ce alors l'un des vigiles? Certainement pas celui qui emboite mes pas en ayant peut-être peur que je pique une chaise.



Et alors que je retourne en arrière, mais oui, bien sûr!


Oeuvre de Duane Hanson - Photo "internet"


Je quitte l'étage en ne regrettant finalement pas le détour et je demande à Gilles s'il a vu la supercherie.

- Hein? Quoi? Quelle sculpture?


Au sous-sol, c'est avec un respect religieux que j'entre dans l'univers de Nicolas Party. Je vous laisse le découvrir comme moi à travers quelques photos. Le voir en vrai est bien sûr mieux. La démarche artistique de ce lausannois vivant à New York se trouve sur le site du MASI. Et une photographie supplémentaire et ratée se trouve sur le dernier billet de la Photo du Mois.




Pour terminer ce billet, une petite composition inspirée par une oeuvre de Jardin d'hiver ⌗1


Miroir

Sur un monde

Déchiré

Mon masque

Et mes derniers musées

Avant le pass




Non, je vous l'accorde, c'est nul. Mieux vaut finir sur une perspective plus ouverte et colorée.




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