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  • Photo du rédacteurKarin

Parme

Du Jardin des Tarots à notre domicile, nous en aurions eu pour plus de 6 heures de route sur des axes passablement chargés. Nous avons donc décidé de faire une escale à mi-chemin et avons trouvé un agriturismo aux alentours de Parme via une plateforme que tout le monde connaît.

Afin de ne pas passer pour la râleuse de service, je vais démontrer que je sais aussi l’écrire quand c’est bien. Contrairement à d’autres malheureuses fermes de la région, celle-ci a été rénovée avec goût et c’est dans une extraordinaire salle à manger voûtée, ancienne écurie, que nous avons dégusté un excellent repas du soir et un petit déjeuner où tout est fait maison. Cette Fattoria del Boschetto est une petite entreprise familiale où nous avons été très bien accueillis et conseillés. Alors, s’il vous vient l’envie de visiter Parme et cette région riche en châteaux, je vous la conseille.



Mais d’abord, rendons-nous dans cette cité d’Emilie-Romagne, connue pour son jambon et son fromage, d’ailleurs ses habitants s’appellent les Parmesans (Parmigiani), à ne pas confondre avec le peintre Parmigianino, natif de Parme comme Lino Ventura. Giuseppe Verdi a grandi dans sa province et on peut dire que c’est sa ville, ça nous changera de Puccini. Ici, même les éléments de place de jeux ont la forme de violon.


Tout de suite, nous avons été sous le charme de cette ville universitaire et très culturelle où l’on a l’impression de se retrouver au calme après les trépidantes cités toscanes. Très vite, nous avons moins été charmés lorsqu’il a fallu une fois de plus sortir notre porte-monnaie pour visiter des sites religieux. J’avais lu qu’il ne fallait pas manquer l’intérieur du baptistère, cet étrange bâtiment octogonal. Bien. Pour entrer dans son unique salle, il faudra débourser 12 euros par tête de pipe, justifiés par le jumelage avec un musée, non négociable, même si on s’en tape un peu d’une dizaine de vestiges romains. À deux, ça équivaut à notre repas de midi, boissons comprises et nous n’avons pas été particulièrement nourris par cette visite. Après Sienne et Lucca où nous avons déjà payé notre dîme à l’église catholique et à la restauration des monuments, je commence à avoir le sentiment de me faire racketter. Un peu comme sur leurs autoroutes. Voilà. Après avoir tricoté des éloges plus haut, il fallait bien que je puisse râler quelque part.



Le baptistère de San Giovanni Battista reste un édifice impressionnant, même si une partie en est aujourd’hui recouverte d’échafaudages. Exemple de transition entre l’art roman et l’art gothique italien, il a été terminé vers 1270. Sa façade est faite de marbre de Vérone et ses huit côtés se transforment en 16 faces sitôt entrés à l’intérieur. On y a l’impression d’être un petit oiseau dans une énorme cage alors qu’au milieu trône l’abreuvoir (non, il s’agit de la cuve baptismale octogonale en marbre) et que tous les murs, du sol au plafond, sont ornés de fresques.


Très beau, donc, mais si l’ampleur de l’offre vous oblige à faire des choix, la visite du Dôme de Parme (Cattedrale di Santa Maria Assunta) quant à elle libre d’entrée, peut amplement suffire. D’origines plus anciennes, gardée par deux lions en marbre, elle aussi est ornée d’incroyables fresques sur tous ses murs et je dois dire de la manière la plus simple et brute possible que je n’avais jamais vu un truc pareil. Un imposant cycle de fresques accompagne les fidèles tout au long de la nef centrale, récit peint de la vie du Christ et d'épisodes tirés de l'Ancien Testament. La coupole est décorée par le Corrège mais nous l’avons ratée. À noter que l’église ferme entre midi et 15h. Parce qu’elle est gratuite…


Plus loin, nous allons encore gréver notre budget en tombant par hasard devant une exposition de Roy Lichtenstein au Palazzo Tarasconi. Dans les sous-sols voûtés de cette propriété du XVIe, les chevaux avaient leur propres escaliers et nous verrons un film dans l’ancien garde-manger. Je ne pouvais pas rater cette icône de la culture pop que j’avais présentée à mes élèves en cours de dessin. Ils avaient trouvé ça plutôt bien, les Super Héros, jusqu’au moment où il fallait tracer les points parce que c’était trop fatiguant. Dès l’automne, c’est Keith Haring qui sera à l’affiche. Éreintant, lui aussi, à colorier.



"Bourgs encadrés", c'est sympa, mais ça serait encore mieux sans tous ces fils.

...

D'accord, je balaie devant ma porte.



Nous visiterons encore l’église baroque de San Vitale, passerons vers l’imposant complexe du Palazzo della Pilotta, un édifice à l'extérieur plutôt moche mais qui abrite la Galerie Nationale, le Teatro Farnese et la Bibliothèque Palatine, tous méritant certainement une visite. Malheureusement, sur la fin de ces 5 jours en Italie, nous n’avons plus de jus, mal aux pieds et le temps nous est toujours compté, de sorte que nous devons faire des choix drastiques, voire dramatiques.



Passant au-dessus du fleuve Parme sur une rive qui n’est certainement pas la plus belle, nous entrons dans le parc pour aviser de loin le Palazzo Ducale avant de revenir sur nos pas manger une assiette de jambon (on ne pouvait pas faire autrement) sous l’oeil de Garibaldi et au pied du Palais du Gouverneur.


Et si je dois garder un souvenir émerveillé de cette ville, c’est surtout avec la visite du Teatro Regio. J'y tenais absolument, pour plusieurs générations d'ancêtres férus d'opéra et une grand-mère qui s'appelait Violette. De l’extérieur, l’édifice ne paie pas de mine et le hall d’entrée où nous attendons le début de notre visite guidée n’est pas d’un faste incroyable. On apprendra cependant que les colonnes sont faites de faux marbre, contrairement au sol. On y verra de vieilles grilles qui servaient à chauffer ce foyer.


Le théâtre fut voulu par la Duchesse Maria Luigia, épouse de Napoléon, envoyée pour gouverner le Duché de Parme. Il fut inauguré en 1829 avec Zaira, un opéra de Bellini spécialement créé pour l’occasion. Maria Luigia peut accéder directement à son trône depuis le Palais Ducal, mais là je ne comprends pas très bien l’histoire car celui-ci se trouve à un kilomètre, de l’autre côté du fleuve. Passons car nous arrivons dans l’impressionnante salle principale avec ses quatre étages de loges, dominée par un plafond peint par Giovan Battista Borghesi et un lustre de verre confectionné par les ateliers parisiens Lacarrière.



Au-dessus de la scène se trouve une curieuse horloge qui indique discrètement l’heure avec une savante combinaison de chiffres romains et arabes. Il semble qu’au XIXe siècle déjà, on ait été dérangé par des énergumènes qui cherchaient désespérément leur montre à gousset pour savoir quand la soprano allait arrêter de tirer dans les aigus et l’arbre cesser de chanter.

En 1853, le décor néoclassique initial de la salle, d’un aspect plus « fresques de couleur bleue », fut entièrement recouvert de stuc et de dorures pour rejoindre le style Renaissance. Ah, les modes!

À l’origine, le théâtre était destiné à accueillir les spectacles les plus variés, de l’opéra à la danse, de la déclamation aux numéros de cirque. Depuis son inauguration, il a été témoin des changements qui ont marqué le mélodrame au cours des siècle, passant de la fin de l’ère Rossini à la suprématie de Verdi, de l’ouverture à l’opérette française et aux oeuvres allemandes, jusqu’à préparer pour se soir une représentation de la comédie musicale Pretty Woman. Aux décors certes Art déco.


À l’étage, notre guide nous fera découvrir les loges et leurs différentes places, « celles qui sont faites pour voir et celles où l’on ne peut qu’écouter ». Ces espaces possèdent chacun, de l’autre côté du couloir, une pièce privée où l’on pouvait boire l’apéro, se reposer à l’entracte ou faire d’autres trucs au sujet desquels notre guide préfère ne pas s’étendre. Remises de génération en génération, il reste une soixantaine de loges privées dotées de leur mystérieuse annexe.


Nous visitons encore la salle acoustique où se tenaient des réceptions ou des spectacles plus intimistes. Elle peut se louer pour les mariages, invités limités. 170, ça va. Seule celle-ci conserve le magnifique décors néoclassique qu’avait le théâtre à ses débuts.



Pour information, les lustres se descendent mécaniquement afin d'être nettoyés. Regagnant le foyer par un majestueux escalier, nous aurons l’impression de revenir sur les lieux d’une villa de même style, abandonnée quant à elle. (La Villa du Prince)



C’est sur l’air obsédant de l’Enlèvement au Sérail que nous quittons cette ville qui méritera certainement d’y revenir un jour afin d’approfondir les visites.


Sources:

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