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Photo du rédacteurKarin

Val Blenio

Nous avons tellement apprécié notre escapade dans la région de Biasca que nous y retournons 3 jours après. Cette fois-ci pour découvrir une toute petite partie du Val Blenio avec un sentier historique trouvé sur le site Bellinzona e Valli.


Officiellement le sentier part d’Acquarossa pour se terminer à Malvaglia. Il est linéaire et il est possible d’effectuer le trajet de retour en bus. Nous décidons plutôt de tout faire à pieds mais de partir de Malvaglia afin d’avoir la descente sur la fin, même si le dénivelé n’est que de 160 mètres. Pas folles, les vespa.


À Malvaglia, à 10h20 ce dimanche matin de novembre, l’herbe n’a pas tout à fait dégelé et le soleil tarde à passer la montagne. On s’enveloppe dans nos écharpes et on regrette de n’avoir pas pris nos gants. Mais la vue de cette incroyable église nous donne tout de suite le ton. 



San Martino est une église romane dont le clocher est l’un des plus hauts du Tessin. Ses origines datent du XIIe siècle mais les oeuvres qu’elle renferme, ainsi que ses extérieurs et sa grande fresque de Saint-Christophe, patron des voyageurs, sont du XVIe et XVIIe.


Nous traversons alors la commune de Malvaglia qui s’étend tout au long de la route principale menant au Lucomagno. Maisons de villages un peu décrépies, mazots qui le sont franchement, pour la plupart à vendre ou servant de dépôts, villas de toutes époques, les architectures se mélangent. Nous croisons quelques moutons, avons une vue lointaine sur les ruines du château de Serravalle et arrivons aux ponts sur la rivière Orino. Le temps de nous rappeler que les habitants du Val Blenio se consacraient à l’agriculture et à l’exploitation des alpages. Les sentiers muletiers, les ponts et les escaliers de pierre sont nombreux pour relier le fond de la vallée et les hameaux de montagne. De plus, Malvaglia se trouvait sur la route qui portait les marchandises de Milan au nord par le col du Lucmanier.  



Passé le pont et d’impressionnantes gorges, nous sommes toujours à Malvaglia! Un petit hameau et ensuite la route secondaire que nous suivons redevient droite et plate. Tout le long s’essaiment quelques magnifiques villas art déco ainsi que l’Atelier Titta Ratti situé dans l’ancienne école maternelle. Battista Ratti, de son vrai nom, était un sculpteur italo-tessinois. L'atelier est un petit centre culturel et musée, ouvert sur rendez-vous. Quant aux villas, appelées « villas des émigrés » sur les panneaux didactiques, j’ai mis du temps à comprendre. J’en profite pour placer, parce que ce serait bête de finir ce billet sans râler, que le sentier est bien pensé mais parfois moyennement fléché et que les panneaux didactiques sont très mal rédigés, dans toutes les langues. Bref, les villas. Flash-back. La Valle Blenio est la région tessinoise qui s’est le plus vidée de ses habitants dès la moité du XIXe siècle. En manque de ressources, les gens partaient en Suisse romande ou alémanique, ou plus loin, à Milan, Londres ou aux Etats-Unis. Certains de ces émigrés ayant fait fortune sont revenus sur leurs terres pour bâtir de somptueuses villas pour l’époque. Ces belles maisons posées au fond de cette rude région montagnarde ont un côté plutôt surprenant. À l'heure actuelle, la vallée revit son histoire car depuis 2017 le Tessin, et plus particulièrement le Val Blenio et la Léventine, fait partie des trois cantons suisses qui accusent un déficit démographique (avec Neuchâtel et les Grisons). Chaque année, quelques 1'000 jeunes sans perspectives s'en vont et peu reviennent.



Nous atteignons alors le hameau de Ronge, qui dépend toujours de Malvaglia, où un petit détour nous permettra de voir la maison Landfogti, qui elle a du mal à passer les siècles. Maison bourgeoise de la fin du XVIe, début du XVIIe, construite sur des fondations plus anciennes, elle y a vu séjourner la famille Baggio, seigneurs de Milan ainsi que les baillis d’Uri, Schwytz et Unterwald. Il faut rappeler que le Val Blenio a été occupé par les cantons primitifs dès 1495. Je ne suis pas allée chercher la suite. Le vent a bien dû tourner à un certain moment avant… que le Tessin ne soit à nouveau occupé. Non, chut, j’ai déjà râlé une fois. 



Le hameau de Ronge est joli, coloré. Sur une façade, l’aigle des Visconti rappelle que la vallée a été dominée par les ducs du Milan de la moitié du XIVe siècle à la fin du XVe. Sur la petite place, on trouvera l’oratoire de San Antonio d’Abate.




La route monte un peu et longe des grotti magnifiques et pour la plupart abandonnés. Les grottis servaient de caves où entreposer fromage, charcuterie et vin. Construits en partie enfouis dans la roche, certains étaient aussi des petits restaurants très simples où les travailleurs se restauraient avec des produits locaux et une carte réduite. Rien à voir avec les grotti lounge pour touristes avec luganiga-rösti à 47 balles.

Ça fait trois. Basta!

Là-haut je lorgne sur le Grotto degli Amici en me demandant s’il est vraiment fermé. Mais c’est plus le gros caillou surplombant le toit de l’édifice du milieu qui m’interpelle. 



Je crois que nous sommes enfin sorti de Malvaglia. Une fois la route principale traversée (c’est un peu chaud quand même), nous longeons la rivière Brenno. Nous y croiserons Simon le mouton, quelques chiens et leurs maitres, et des cyclistes. 



Nous arrivons ainsi à Motto où la petite église est fermée. Depuis là, nous entamons une longue ligne droite sans grand intérêt avec des villas années moches et des jardins de nains, d’étangs artificiels ou de roquets d’élevage. La vallée reste tout de même relativement sauvage, avec des pâturages de vaches et de moutons, des ânes et des chèvres.



Au bout de l’une de ces curieuses vignes surélevées se trouve un endroit hors du temps, une quinzaine de grotti agrippés sur une paroi, au milieu des châtaigniers. Une partie d’entre eux semble être réhabilitée en petits carnotzets.



Nous sommes au hameau de Marogno. Nous passerons à côté du pressoir sans savoir que c'en est un. Plus loin nous aviserons les maisons de la famille Gatti, plutôt inintéressantes (on a été habitué à mieux un peu avant) même si l’on sait que Carlo Gatti a fait fortune à Londres en commençant à vendre des glaces à 1 penny.



Nous entamons une nouvelle ligne droite dans une zone industrielle assez soft (scieries, entreprises agricoles, laiteries) et apercevons alors accrochée dans la montagne à notre droite la casa dei Pagani. D’époque médiévale (XIe), ces constructions perdues dans la roche étaient nombreuses dans la région, celle-ci en étant la mieux conservée. Appelées ainsi car Pagani est non seulement un nom de famille couru dans la vallée mais parce qu’il veut aussi dire païens, on a longtemps pensé qu’elles servaient de refuge à ces derniers. Elles ont alimenté les légendes de sorcières ou de Cröich, les monstres des vallées. On y a cependant trouvé des objets venant d’une haute classe sociale et on suppose qu’elles ont été habitées entre le XIe et le XIVe siècle par les familles riches de la région et en cas de guerre par la population locale. On y accédait par des escaliers en bois. 



L’église des Saints Luca et Fiorenzo est de style baroque. Le premier édifice a été entièrement détruit par un éboulement en 1758 qui a également emporté plusieurs maisons, écuries et humains. L’église et le village ont été reconstruits dès 1760 en se décalant des lieux de la catastrophe.



La Sainte Vierge et un Gröich


Nous traversons le hameau de Crespogno, très bucolique par endroits, avec son pressoir et ses grotti plutôt en mauvais état. D’ailleurs on peut en acheter trois d’un coup. La glacière par contre est bien restaurée. Active jusque dans les années 1960, elle se composait d’une grande pièce d’entrepôt et d’un puits dans lequel on mettait de la neige en hiver que l’on recouvrait d’eau pour la transformer en glace. L’air frais pénétrait par une fissure dans la pierre et la réfrigération durait jusqu’à la fin de l’été. 



Il s’agit d’effectuer maintenant la dernière ligne droite en retrouvant la Brenno pour emprunter l’ancienne route du Satro autrefois parcourue par les diligences dont le relais pour les chevaux se trouvait à Acquarossa.



Arrivés au bout de notre course, à Acquarossa, nous ne chercherons pas la vieille gare, dernier poste didactique, mais sustenteront nos chevaux et nous-mêmes sur la terrasse d’un café. Nous aviserons encore les anciens termes. Plusieurs édifices témoignent d’un passé de cures thermales documenté depuis 1577 et révolu depuis les années 1970. Sans plus de documentation par contre. Si une partie des bâtiments est en travaux, même le dimanche, on ne sait pas trop à quoi ils seront destinés.



Il s’agit maintenant de revenir sur nos pas en profitant encore un peu du soleil qui menace de partir derrière d’autres versants. Nous avons mis trois heures à la place des deux prévues pour faire la moitié du parcours. Dont 1 heure 20 pour sortir de Malvaglia! Le retour, sans les pauses, les contemplations et les 134 photos nous prendra un peu moins de deux heures. A noter aussi que les gants ne nous ont pas manqué trop longtemps et que nous avons pu très vite tomber nos vestes. La Valle Blenio est aussi appelée Valle del Sole, cela se confirme même au mois de novembre. 

Nous en profiterons néanmoins pour effectuer deux écarts. Le premier en passant par le centre de Dongio. Oups! Quelques maisons cossues mais peu entretenues et fermées. Le centre artisanal est intéressant mais on ne dit pas s'il est ouvert en hiver.




Nous avons également traversé la rivière à Motto afin d'admirer l'extérieur d'une dernière église romane pour la journée, celle de de San Pietro.



Il existe encore trois sentiers historiques qui semblent tout aussi intéressants mais un peu plus physiques. De quoi y retourner. Et ensuite, on attaquera la Valle Maggia. 



Une partie des 134 photos est de mon comparse.


Sources:

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