C’est un hameau perdu sous les étoiles
Avec de vieux rideaux pendus à des fenêtres sales
Et sur le vieux buffet sous la poussière grise
Il reste une carte postale.
Je ne trouve pas d’informations sur ce village fantôme. Quelques indices laissent penser qu'il y a eu des tentatives de restructuration. Des sacs de matériaux, des poutres, des échafaudages rouillés qui finalement servent à tenir ce qui reste des murs. La route de montagne ne le dessert même plus, fermée car les maisons menacent de s’écrouler dessus.
Le panneau « Case pericolanti » est lui-même une pièce d’antiquité. Un toit s’est effondré il y a peu, mêlant dans ses gravats assiettes et couvre-lit.
Sur le vieux buffet sous la poussière grise, pas de carte postale mais la Stampa du 11 août 2018. Ici et là, quelques objets oubliés et d'autres qu'on s'est peut-être dit qu'on récupérerait un jour, des meubles rongés par les bestioles, des instantanés d'une vie arrêtée. Que s'est-il passé après qu'on soit parti en laissant ses manteaux sur la patère et une casserole sur le fourneau?
Sur les fenêtres sales il n'y a même plus de vitres mais des étais pour soutenir l'insoutenable. Devant la seule maison encore entière avec rideaux, deux chaises bleues évoquent le temps révolu où l'on regardait le soleil se coucher sur le lac au loin.
Brisées les lumières des ruelles en fête
Refroidi le vin brûlant, les assiettes
Emportés les mots des serveuses aimables
Disparus les chiens jouant sous les tables
Déchirées les nappes des soirées de noce
Oubliées les fables du sommeil des gosses
Arrêtées les valses des derniers jupons
Et les fausses notes des accordéons
Carte Postale - Francis Cabrel
Ca serre le coeur cet abandon. J'ai admiré les galeries anciennes si caractéristiques, les détails architecturaux soignés - cheminées, alcôves - et je me demande bien qui a laissé la Stampa de 2018! Ce n'est pas si vieux, pourtant... Merci pour ce moment suspendu.