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  • Photo du rédacteurKarin

Panperduto

Une fois n’est pas coutume, nous allons voir une installation en Italie toute proche qui n’a guère changé depuis sa création et continue de jouer un rôle dans l’économie et la culture de la région.

Nous nous garons dans un parking public à l’entrée du lieu, en suivant péniblement les panneaux depuis la localité de Somma Lombardo. Péniblement car à mon avis, deux ou trois d’entre eux ont dû disparaitre.

Pendant un bon moment, il n’y a pas grand chose à voir en déambulant sur un chemin pavé de galets ronds assez incommodes. Des bornes explicatives moussues et taguées ponctuent le parcours. Puis la végétation s’ouvre sur le fleuve Ticino calme et limpide et l’on commence à apercevoir la bête.


Le barrage de Panperduto est l’un des plus importants carrefours hydrauliques de Lombardie. De là, une partie des eaux du fleuve est détournée pour former le canal Villoresi, utilisé pour l'irrigation, et le canal Industriale, fondamental pour la production d’énergie.

La nécessité d'apporter de l'eau aux terres situées au nord de Milan pour les rendre plus fertiles remonte à la seconde moitié du XIXe siècle. Après de nombreuses années d'études et diverses approches et variations, le barrage de Panperduto sur le Ticin et les ouvrages qui y sont liés sont inaugurés en 1884, sur la base du projet d'Eugenio Villoresi. Le canal, qui a pris naissance ici et porte encore le nom de son concepteur, a complètement transformé le territoire et les activités qui y sont liées, rendant fertile une terre peu productive et devenant vital dans l'économie agricole de la campagne au nord de Milan.


Le paysage est relativement plat et les cimes enneigées du Mont Rose émergent dans la végétation. Nous ne sommes pas loin de l'aéroport de Malpensa et les avions quadrillent le ciel bleu. Il est vrai que l’endroit est apaisant mais la balade peut vite paraître monotone. D’ailleurs, nous croisons plus de cyclistes que de piétons et j’ai lu sur un site que le lieu est plaisant à visiter sur deux roues. Et, pour avoir vu des photographies avant de venir, je suis presque un peu déçue par l’édifice. Nous continuons néanmoins encore sur quelques mètres, jusqu’au canal industriel qui a été inauguré quant à lui au début du XXe siècle et qui alimente encore aujourd’hui plusieurs centrales hydroélectriques le long de son parcours. De là, il ne nous reste plus qu'à imaginer qu'une petite partie de cette eau part vers les Navigli de Milan.


Nous revenons sur nos pas, le temps de préciser que le site comporte un musée, un jardin de jeux d’eau (pour autant que ce soit encore permis parce que l’eau, ça mouille, plusieurs parents se sont plaints*) et des visites en bateau. Pour l’instant en cette fin du mois de février et une Italie sous cloche Covid, il n’y a pas grand chose qui bouge.


*allusion perfide au fait que dans un parc lausannois, les jeux d'eau ont été enlevés car oui, effectivement, des parents se sont plaints que ça mouillait. Il est pas beau, notre nouveau monde?


Nous reprenons notre char pour nous garer à Somma Lombardo où un imposant château a attiré notre oeil au passage. La bourgade était un noeud important de la voie consulaire romaine qui reliait Milan au lac Majeur via Sesto Calende.

Les origines du château remontent au Xe siècle mais les plus grands développements de la forteresse ont eu lieu dès 1448, lorsque les frères Visconti sont venus s’y réfugier des nouveaux seigneurs de Milan. Cependant, quelques années plus tard, les frangins se sont embrouillés et se sont partagés les lieux, construisant chacun, ainsi que leurs descendants, des dépendances à leur propriété. Si bien que le complexe est en fait composé de trois châteaux différents, de trois époques distinctes, chacun avec sa propre entrée et cour, construits les uns contre les autres. Une partie se visite, cela devrait reprendre au printemps.


Aux abords de l'usine s'étend une usine désaffectée très moche qui semble avoir été utilisée comme dépôt d'ordures. De l'autre côté de la route, deux autres bâtiments en état de délabrement avancé attirent notre regard. Pour l'un, il s'agit de bâtiments de ferme liés autrefois au château, avant que la route ne les sépare. En plus des activités agricoles normales, on y élevait des vers à soie. Après l'arrêt de la production dans les années 1920, les édifices ont été utilisés comme complexe résidentiel jusqu'en 1988, date à laquelle la municipalité les a acquises pour ensuite vouloir les démolir en 1991. Cette décision a été bloquée par diverses associations qui ont déclaré les bâtiments biens culturels. Et depuis, c'est gelé, comme tout le reste. Ça fait 30 ans. Benvenuti in Italia! Quant à l'autre maison, plus belle, je n'ai rien trouvé sur elle. Nous passons encore près de l'église mais sommes assez vite dépités par cette petite ville intrigante aux commerces improbables, déserte mais où les voitures par contre s'imbriquent partout. Mais si tout est fermé et si rien ne bouge, c'est certainement parce qu'il est 13 heures 30. On va dire ça.



En tout cas, même chez eux, l'espoir fait vivre.


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