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  • Photo du rédacteurKarin

Foutage de gueule (+TVA)

Ça faisait longtemps que je n’avais pas râlé. Ça faisait longtemps aussi que je n’avais pas participé à un événement de ce genre, avec le bol qui me caractérise pour tomber sur les plans foireux. Naïveté quand tu nous tiens.

Il est vrai qu’on pourrait penser que le problème, en fin de compte, c’est moi. Mais lorsque le ressenti et les affaires des collègues sont les mêmes, lorsque tout le monde râle, je me dis que j’ai moyennement envie de me remettre en question et de me lancer tout de suite dans le toilettage pour chiens. Or, dans ce milieu c’est un peu comme parmi les enseignants, tout le monde bougonne mais personne n’ose l’ouvrir.

Alors que c’est simple, on ne demande qu’une seule chose: qu’on arrête de prendre les artistes et les artisans pour des vaches à lait.


Dans l’idée d'aérer un peu mes toiles et pour changer des marchés, j’ai réservé un stand à la Fiera di Primavera de Chiasso. 3 mètres de long sur 2 mètres 50 de haut et un mètre de large pour un prix soldé de 312 francs 33, les centimes venant du fait qu’on rajoute la TVA sur tout, dans cette boîte. Donc il ne faut pas être trop gros. Il existe des espaces plus grands mais ça devient très cher. Surtout qu’il faut rajouter 26 francs 93 pour avoir le droit de s’inscrire et que l’électricité n’est pas comprise. Alors, si je veux brancher deux lampes et charger mon diaporama sur la tablette, il faut débourser encore 45 francs (+TVA). Là je commence vaguement à tiquer parce cela représente à peine moins que la consommation de notre domaine en un mois. Mais bon, on ne va pas pinailler sur ce coup-là, les organisateurs sont vraiment très réactifs niveau mail et semblent avoir mis l’accent cette année sur un espace dédié aux artistes et artisans locaux. Hardi petits!

Une fois le premier acompte payé, on m’envoie la liste de tout ce que je peux avoir en plus. Ça va de la table à 20 balles (+TVA) à la moquette à 6 francs. L’encart publicitaire dans leur brochure commence à 250 francs (+TVA). Et pour les chaises, on prendra les nôtres, on économisera 10 francs 77. Le tout présenté avec « le désir d’offrir un service de haut niveau, en termes d’assistance, d’efficacité et de qualité.»

Ici, je commence sérieusement à avoir le nez qui se plisse, d’autant que leur matraquage publicitaire pour attirer les exposants sur les réseaux sociaux ne faiblit pas alors que les inscriptions sont fermées. Il serait peut-être temps maintenant de faire venir le chaland, les gars, non?

Jour J-1

Nous allons installer ma galerie miniature. Le lieu est une salle polyvalente qui tombe en douves située dans la zone industrielle. Le parquet s’en va par lamelles, ça doit être drôlement dangereux d’y jouer au basket. Les stands sont montés sur des poteaux branlants et séparés par des toiles blanches, mais sales. Etant allée demander à l’accueil les crochets prévus pour y suspendre mes fils, j’apprends que j’en ai droit à dix gratuitement. Je n’ai pas eu la présence d’esprit de demander combien coûtait le crochet supplémentaire (+TVA) En même temps, ça suffira, ce n’est pas comme si on pouvait mettre 35 croûtes dans 3 mètres carrés. Enfin, notez, il y en a qui y parviennent.

Mais trêve de perfidie, nous sommes dans les premiers à monter notre espace et attendrons demain pour voir à quoi tout ceci pourrait bien ressembler.


La pancarte est aimablement comprise dans le prix.


Nous nous octroyons alors une découverte de Chiasso et cherchons vainement le centre ville avant de réaliser, en apercevant les bâtiments de la douane, que nous y étions. C’est pas de leur faute mais Chiasso, c’est moche. Je n’ai donc rien en photos, ce qui vous fera une pause en regard des 127 images du billet précédent.


Pour parer à ma frustration, nous avons réussi à trouver les fameux cerisiers du Japon luganais (à Lugano, donc) malheureusement déjà un peu sur la fin de floraison.



Après cet intermède, retournons à notre foire qui s’avèrera très vite foireuse comme vous l’aurez donc compris. D’autant que la journée commence en découvrant que l’exposante derrière nous a certainement fait tomber l’un de mes tableaux (et ça se voit) en installant son matériel dans la structure branlante. L’endroit s’anime vaguement. Un mini-comptoir suisse avec des stands éclectiques, une zone art et artisanat aux présentations tout aussi disparates, un château gonflable, un sculpteur qui tente de protéger ses oeuvres de l’affluence qu’il peut éventuellement y avoir autour de la démonstration de gymnastique acrobatique style pole dance. De la musique assourdissante. Des exposants à certains moments plus nombreux que les visiteurs. Une bimbo perchée sur talons aiguilles (aïe, le parquet) qui exhibe un journal périodique en essayant de gérer sa mini-jupe. Et deux fois, j’ai vu un couple de tyrannosaures courir dans les allées. Une ambiance de malades!

Le dimanche, les gens sont vaguement plus nombreux à s’aventurer sur les lieux et pour la plupart assez… étonnants. Autant parler franchement, le niveau social semble très bas. Pas trop le style à acheter la toile blanche grattée à 4200 balles de mon voisin. Beaucoup, en réalisant qu’ils arrivent vers des tableaux, préfèrent effectuer un détour et le disent encore haut et fort. Ou alors, ils passent en vitesse pour aller acheter du pop-corn à côté de l’aquarelliste (la quoi?) Il suffit qu’il arrive une poussette ou un personnage un peu costaud et j’ai ma chaise qui bouge avec le parquet. Ah! à propos du parquet, figurez-vous qu’il se soulève et qu’on peut alors jouer aux boules. C’est peut-être moins dangereux que le basket.

Bon, pour le reste, je vous passe les détails. Je me suis emmerdée à moins 20 francs de l’heure* Le deuxième jour, je me suis mise à dessiner pour passer le temps, ça a intéressé, allez, sept personnes. Gilles s’est promené et a cherché longtemps le jeu de boules après l’avoir vu en photo. Et pour rester positifs, puisqu’il n’y a pas grand chose de plus à quoi se raccrocher, on s’est fait deux, trois copains sympas et on a découvert un extraordinaire céramiste, un artiste peintre uruguayen et un aquarelliste de talent.

*question subsidiaire: + ou - la TVA?


Est-ce parce qu'ils étaient au bord du suicide, mais j'ai même vu pour la première fois des exposants aller démarcher parmi les collègues. On m'a proposé un article dans un journal pour 650 francs. Le tout avec cette approche sournoise qui consiste à faire croire qu'on s'intéresse à ce que tu fais avant de te sortir la liste de prix. Mais on peut discuter, bien sûr. Les organisateurs n’ont pas repointé leur nez vers nous depuis le samedi à 10h30. Apparemment, la fougue, ils ne l’ont pas développée dans tous les domaines. Et la désagréable sensation de n’avoir été qu’un dindon de cette farce dont on se désintéresse sitôt qu’il a passé à la caisse ne s’est pas dissipée. Peu d’entre nous se remettront sur les rangs l’année prochaine. Mais comme avec nos sous (+TVA) ils vont pouvoir se payer un nouveau matraquage publicitaire, ils trouveront d’autres pigeons et ça me fâche.

Un qui a tout compris, c’est mon vis-à-vis. Il est dans la peinture tantrique. Non, médiumnique. Enfin, un truc avec l’esprit. Le premier matin, il a fait le tour de toutes les popotes; l’après-midi, il est allé voir son fils jouer au foot. Le dimanche, il est seulement venu en fin de journée pour récupérer sa marchandise et retaper la discute. Il a préféré se promener sur le Generoso, il avait tout de suite vu que ce n’était pas un endroit pour exposer et parler de ses oeuvres.

La classe!


Si mes participations à d'autres plans foireux vous intéressent, voici les liens.

Le toilettage pour chiens? Vraiment?



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