Récemment j’ai découvert Valerio Fazio qui s’est donné le défi de visiter toutes les communes de la Province de Varese. Il en fait des réels qu’il partage sur les réseaux sociaux. C’est court, ironique, drôle et ça va très vite parce qu’il est bien plus jeune que moi. Et italien. Il en est à 102 sur 130, sa rubrique s’appelle « Svaresando » un jeu de mot intraduisible qui se rapprocherait le plus de l’idée « En vidant Varese ».
C’est un peu ce que je suis en train de faire ces derniers temps, en beaucoup moins concis. Aujourd’hui, journée printanière, nous nous rendons tout d’abord à Castello Cabiaglio. Essayez de le prononcer en même temps que panier/piano.
Situé au pied du Campo dei Fiori, ce village entouré de forêts de châtaigniers n’a pas de château mais tient son nom de sa position dominante sur la Valcuvia. Il a des origines romaines; il a également eu un passé artistique. Dans l’église, on peut voir un orgue datant de 1701.
Nous arpentons les ruelles du village historique, typique des bourgs ruraux de l'Alto Varesotto, avec des bâtisses en pierre, des cours intérieures et des porches. Les maisons rustiques bordent d’anciens palais plus ou moins entretenus, dont le Palazzo Ronchelli. Cet édifice bordé d'une immense cour et d'anciennes écuries a été construit au XVIe siècle comme forteresse avant d'être transformé en pavillon de chasse puis résidence. Sous ses arcades décorées de fresques du XVIIe se développe l’une des plus vieilles glycines d’Europe.
Le village se dote d’une exposition à ciel ouvert de sculptures en bois d’un goût… enfin, si vous aimez massacre à la tronçonneuse... En plus de ça, elles portent autour du cou une pancarte qui demande à ce qu’on ne les touche pas, on dirait des gamins non accompagnés qui vont prendre l’avion. Mais avec le super nouvel outil de correction de mon fournisseur, j’ai réussi à les enlever sur les photos. Et je ne vous raconte pas tout ce que je peux désormais vous cacher avec ça.
Gandhi? Mao? John Lennon? mon oncle Albert? Sans et avec outil.
Ah, celui-là, on l’a touché!
En traversant le village, on trouvera la Via Crucis qui nous amène à la chapelle del Ronchetto d'où s'ouvre une belle vue sur les toits, le massif du Campo dei Fiori et ses antennes.
Reprenant notre char, nous nous rendons à Rancio Valcuvia. Ici, sueurs froides, notre GPS veut nous faire traverser le bled, un défi que seules les Fiat 500 peuvent relever. Après deux ruelles déjà très étroites et un virage à 90 degrés, on devrait passer sous cette voûte.
Non mais, allô, quoi!
Quelques manoeuvres plus tard dans une minuscule cour d’un bâtiment en ruines, nous arrivons à nous extraire de ce guêpier et plantons notre véhicule en périphérie.
Notre premier but est de trouver la cascade del Ronco. Un peu en dehors du bourg, nous longeons une importante usine abandonnée que nous n’avons pas photographiée, ce genre de structure relativement moderne ne nous intéressant pas. L’histoire par contre vaut d’être résumée en quelques lignes dérisoires. Cette fabrique de desserts glacés haut de gamme a été délocalisée en 2018. On avait promis au 120 employés de les réengager sur le nouveau site, à 1 heure de route d’ici, dans la province de Novara au Piémont. Mais vu les trajets et les frais pris en charge à hauteur d'un euro par jour, la quarantaine d'ouvriers qui avaient décidé de suivre l’entreprise se sont un peu révoltés. On ne dit pas si les 80 autres sont devenus frontaliers. L’usine avait été rachetée il y a quelques années par le groupe suisse Emmy. La marque porte le doux nom de Bontà Divina.
Sur ces entrefaites et au bout d’un parking d’entreprise abandonné on trouve la chute d'eau et son non moins abandonné moulin, mais datant d’une autre époque. Endroit féérique où les cascades s’enchaînent dans une grotte qui forme un coeur. En arrière plan, on devine comme un patio avec un tronc d’arbre pour le moins humide. Ce lieu enchanteur reste encore peu recensé et j’espère ne pas le rendre populaire avec ce post, mais à mon avis ça devrait aller.
Revenant sur nos pas, nous traversons le village de Rancio Valcuvia coupé en deux par ce même cours d’eau, la Rancia. D’ailleurs, Rancio vient de rance à cause de l'humidité du lieu. Chouette. En effet, découvrir ce bourg c'est un peu comme manger un bout de vieille brioche. Les maisons rurales délabrées côtoient les vestiges délavés d’une vie plus faste.
Ainsi que certains indices le laissent penser le lieu est encore habité et en ce dimanche une partie des habitants sort de l'église. Les symboles religieux s'enchaînent d'ailleurs dans les ruelles mais je ne pourrais pas dire que c'est particulier à ce village. Ce genre de kitcheries que j'adore photographier et que je respecte sont à tous les coins de rues et jusque dans les endroits les plus déserts en Italie.
À la sortie du village, nous prenons la petite route de la Via Cavona qui va nous mener à la chapelle Notre-Dame de la Salette émergeant parmi les nivéoles. En parallèle de la route nationale entre Luino et Laveno pourtant peu agréable, nous découvrons un endroit champêtre avec des vaches étonnées elles aussi d’y voir deux promeneurs. Passant par dessus la rivière, nous rejoignons alors la piste cyclable pour fermer notre boucle.
Construit en partie sur l'ancien tracé du train qui reliait Luino à Laveno, ce chemin bucolique nous fait découvrir les méandres du Rio Boesio et les marais, on y croise des grandes aigrettes et finalement aucun cycliste! Ils préfèrent certainement nous emm... en roulant en peloton sur les nationales ou en dévalant comme des fous des sentiers pédestres forestiers.
Pour me faire pardonner des cyclistes gentils, voici Ginette la grande aigrette.
Arrivés à l’ancienne gare, il nous faut remonter maintenant sur le village en empruntant la via Papa Giovanni Ventitreesimo (Pape Jean XXIII) (d'ailleurs, comment il va?) On y verra encore l'ex-couvent des Umiliati qui referme apparemment de superbes fresques mais se trouve dans un sale état. Ainsi qu'un banc géant pour d'anciennes parlotes qui n'ont plus lieu et des oeuvres en mosaïques déjà passées.
Test: si vous avez un véhicule plus large que ça, ne vous engagez pas dans les ruelles du village.
Pour finir avec Valerio qui n'a pas encore svaresatto ces communes, je vous laisse dans une localité proche au doux nom de Cunardo. Et plus bas, le PDF de la promenade.
Sources :
Et Wikipédia !
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