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  • Photo du rédacteurKarin

Roulez, jeunesse! Et tourne, bourrique.

En automne 2015, je suis devenue l’(heureuse) propriétaire d’une Dacia neuve acquise grâce à un leasing. Le compromis entre le prix, l’ampleur de la chose, la grandeur du coffre et de quoi me rassurer pour traverser le canton en plein hiver et dans les congères. Moi qui avais toujours critiqué les 4x4 et ceux qui ne savaient pas les conduire, j’étais désormais à mon tour en possession d’une voiture de pétasse.

- Ça, c’est pas une voiture de pétasse, maman. C’est plutôt une voiture de paysan, m’assène ma fille qui se demande déjà si ça va le faire, d’apprendre à conduire sur ce tank.

Qu’à cela ne tienne, ma voiture de paysan, je l’assume. J’habite déjà dans l’un des trous du c… du Canton.






Le 4x4, on l’a essayé deux fois pour nous rendre dans un chalet en Haute-Savoie, en période de Nouvel-An. Sur une route uniquement praticable par des véhicules tout-terrain. La deuxième fois, notre nouveau jouet n’a plus rien voulu savoir juste avant la dernière montée. On l’a laissé se reposer un peu avant d’aller le rechercher. On a estimé qu’on avait peut-être un peu poussé, question chargement, avec trois ados à l’arrière et des provisions pour tenir un siège en cas de chutes de neige intempestives.







On a commencé à se poser des questions dès l’été suivant. Le premier service, pas très low-cost, venait d’avoir été effectué. Et il y avait comme un bruit dans le moteur. Un frottement, un tapement. Retour au garage. C’était l’huile. Ou plutôt, le manque d’huile. Il restait à peine de quoi empêcher le moteur de partir en fumée; elle avait tout sucé, la bougresse. Dès lors, nous avons été attentifs et au bout d’un moment, étonnés de constater que cette voiture allait nous coûter bientôt plus cher en huile qu’en essence, nous sommes retournés chez le concessionnaire.

- C’est normal, c’est les normes, qu’on nous dit.



La norme, chez Renault, c’est 1 litre d’huile pour 1000 kilomètres. Ce qui voudrait dire qu’entre deux services, chez Renault toujours, on trouverait correct que le quidam doive remettre lui-même environ 5 fois de l’huile dans son moteur. Pour être honnête, on n’en est pas arrivé là, mais pas loin. Et on a dû se balader avec un jerrican dans le coffre. Comme l’avaient fait mes parents avec leur Sunbeam, dans les années 70. Je ne sais pas comment vous gérez votre huile, vous. Mais bon, c’est la norme.






Pour me calmer et parce que je lui ai fait comprendre que la norme, tout comme le fait qu’il me répète que c’était du low-cost, Madame, ça commençait à m’agacer, mon garagiste a fait plein de tests sous garantie, il a réinitialisé le système, il a bidouillé des machins, et c’était censé aller mieux. Mais pas vraiment.


Jusqu’au jour où, en remontant du Luberon, ma beuse tressaute sur l’autoroute à la hauteur de Voiron et que tous les voyants s’allument. Lou et moi avons été assez vite rapatriées en Suisse et en taxi. Il en a été autrement pour l’objet du sinistre, qui m’a été rendue quelques semaines plus tard avec une chaîne de distribution rafistolée. Habilement, on a tenté de me faire croire que c’était normal et on a noyé le poisson en m’assurant que tout passait encore sous la garantie. Mais peu après, pif, paf, pouf, ça faisait toujours du bruit, et là, c’était pour un problème d’injection. Retour au garage.




La moutarde commençant à me monter au nez, j’ai écrit un mail à Renault Suisse, sur conseil de mon concessionnaire. Ce dernier commençait vaguement à admettre que cela faisait beaucoup et d’après lui, c’était la procédure. Ils vous répondront tout de suite, qu’il a ajouté.


Au bout d’un mois de silence, sans même accusé de réception, je les ai relancés et je suis tombée sur un type qui parlait vaguement français, c’est tout ce qu’ils ont chez Renault Suisse, et qui s’est excusé parce que mon mail en déshérence était arrivé pendant ses vacances (qu’ils ont longues, apparemment, dans cette boîte). S’en est suivi une vague proposition d’aide à l’échange, après que mon garagiste soit revenu en arrière et ait tenté de faire croire à tout le monde qu’il n’y avait aucun problème, notamment d’huile sur cette voiture, et que c’était juste moi qui avait un souci de confiance. Faudrait peut-être que j'en parle à mon psy. Et que je te donne du Madame par devant avec sa gueule d'ange.



Mon véhicule faisait régulièrement des à-coups et avait des baisses de régime. Je ne parvenais pas à détacher mes yeux du tableau de bord en me demandant à quel moment j’allais toucher le jackpot. J’ai donc envoyé un recommandé à Renault, demandant au vu de tous les problèmes rencontrés une extension de garantie à leurs frais. Cette fois, si on ne m’a pas répondu, ce n’était pas pour une histoire de vacances, c’est parce que le courrier s’était perdu (sic!). Quand j’ai finalement exigé une réponse écrite à ma lettre, c’est la même hélice que j’avais eue au téléphone qui s’est mise au clavier. Cela tenait en un paragraphe mais ça lui a pris un nouveau mois à me pondre ça :« Nous ne pouvons pas accepter un extension de garanti mais nous vous proposons un aide à l’échange. »


De cette aide, concrètement et en parlant gros sous, je ne sais pas ce qui était prévu. Peut-être une ristourne sur un autre véhicule. Pour ce faire, il fallait que je reprenne un leasing et que je me ré-endette pour 4 ans, ce qui n’était pas prévu dans mes plans financiers. De plus, en pleines migrations, ma voiture faisait des voyages à la déchète plus souvent qu’à son tour (je ne suis d’ailleurs jamais tombée en panne en allant à la déchète). Ma pétasse de voiture était dans un état de reprise qui présentait moyen, d’autant plus que quelques tabernacles avaient ouvert leurs portières en s’appuyant sur les miennes et qu’un mur en béton m’était rentré dedans au parking de la Coop Caroline.


J’ai décidé de lâcher mon os un moment et lorsque le chauffage est tombé en panne, je suis allée dans une autre agence Renault, plus près de chez moi. Et là, je dois dire que je suis tombée sur du lourd. Du grandiose. Appelons-le Régis. Régis, il est capable de rouler pendant des kilomètres dans une voiture qui émet une alarme de plus en plus stridente, plutôt que de s’abaisser à attacher sa ceinture de sécurité. C’est vous dire à quel point Régis est un con. 😅 Quand j’explique à Régis que ma voiture fait des à-coups de manière non systématique, mais au démarrage et sur les premiers kilomètres, il me propose de la garder plusieurs jours pour investiguer. Mais à la fin de la première journée, il m’appelle pour que je vienne chercher ma caisse, tout fier de me signaler qu’il l’a roulée sur 37 kilomètres et qu’il n’a rien remarqué. Bon, admettons qu’on ne se soit pas compris, ça arrive. Par contre, dès que je me remets au volant pour rentrer, je constate que deux voyants inhabituels se sont allumés. Illico, j’appelle Régis. Qui me dit qu’il ne sait pas ce que c’est. Alors ça, c’est bizarre, mais j’en sais rien de c’que c’est. Mais vous pouvez revenir chez moi demain, je vais ça y voir.


Je vais me gêner et en plus, je n’ai que ça à faire. Et y retourner une troisième fois pour changer la pièce défectueuse. Et une quatrième, parce que la pièce, ben il a pas commandé la bonne. Et me prendre le chou avec lui étant donné que je suis certaine que c’est grâce à ses bricolages que le système s’est déréglé et que je suis repartie de chez lui avec des voyants allumés. Mais essayez de communiquer avec un imbécile, c’est presque aussi fatiguant que de taper la discute avec une écrevisse en fin de vie. Et puis, de toute façon, Madame, cette voiture, elle fonctionne très bien, à moins d’être trop exigeante, parce qu’en fin de compte, faut pas oublier que c’est du low-cost.






Nos vacances d’été low-cost, Lou et moi, nous les passons chez mon oncle et ma tante dans le Luberon, en Provence. Ksss, kssss, kssss. Et pour la deuxième année consécutive en compagnie de notre voiture de paysan. A l’aller, nous avons cherché l’endroit où, à la hauteur de Voiron, nous avions attendu notre dépanneuse assises en équilibre sur un talus. Je crois qu’ils n’avaient même pas mis de plaque commémorative. Je dois admettre que j’ai baissé plusieurs fois la musique pour écouter les bruits du moteur. Et puis, ce truc qui brille, c’est un reflet ou un voyant qui s’allume?




A l’heure de l’apéro, à côté de la piscine et d’un paon gonflable géant que nous avons appelé Ernest et qui a l'air presque aussi con que Régis, nous avons un peu plaisanté là-dessus.

- Alors, tu rentres demain ? Bon, si tu arrives à rentrer…

- T’inquiète pas, mon assurance est top. On a nos arrangements avec les taxis. L’année dernière, on n’a même pas raté la finale de la Coupe du Monde.

Et sur la route, on continue à rigoler, après avoir acheté nos sandwichs à la pause café.

- Comme ça, si on tombe en panne, on aura au moins à bouffer!

La petite montée à la hauteur de Voiron se passe plutôt bien. Je me détends et lâche mes yeux du tableau de bord. Hit the road, Jack ! C’est une centaine de kilomètres plus loin, à la hauteur de Chambéry, que ma guimbarde commence à battre de l’aile et perdre dangereusement en puissance. Voyants rouges. Bande d’arrêt d’urgence. Feux de panne. Rester, Lou et moi, prostrées un moment à nos places. Dire : c’est pas possible. C’est pas vrai. Je rêve. On rêve. Nous rêvons. Sortir de la voiture. Merde, mes clés. Merde, le téléphone. Appeler l’assurance. Sonner la centrale à la borne de secours. S’auto-congratuler pour avoir, une fois de plus, visé la borne orange avant de s’arrêter complètement. Dire : c’est un Dacia Duster noir. Ajouter : avec des plaques suisses… Essayer de s’asseoir sur le talus sans glisser. Avoir envie de faire pipi. Attendre la dépanneuse. Se regarder avec Lou et finalement rire. Penser : c’est pas possible. C’est pas vrai. Je rêve. On rêve. Nous rêvons.


Lorsque ma voiture de paysan a été chargée une fois de plus sur la dépanneuse, je regrette de n’avoir pas eu un réflexe: prendre une photo. Imaginez ce que je perds en visibilité en passant à côté de stories tordantes à publier.



- Achetez français, qu’ils disaient! a dit mon dépanneur après que je lui aie réglé le déblayage de ma bouse en payant cash. On en est alors arrivés à discuter le bout de gras et de mécanique.


Et puis, une fois de plus, on a dû user de patience au téléphone avec un monsieur et une dame de l'assurance très gentils et suisses allemands et on s'est tapé quelques bonnes rigolades, ça détend. L'année dernière, en raccrochant avec l'un de ces interlocuteurs un peu lents à la détente, notre dépanneur avait constaté :

- C'est un vrai, lui !


Ensuite, nous sommes rentrées en taxi. Une fois de plus, me direz-vous, j’ai réussi à économiser le dernier tronçon de péage, le plus cher. Notre chauffeur s’appelait Jo. Il avait une Mercedes, mais ça ne valait pas la BMW de l’année dernière, d'après Lou, surtout au niveau du GPS et des lumières bleues dans l'habitacle. Et puis, Jo voulait absolument nous raconter sa vie en nous fixant dans son rétroviseur, sans s’apercevoir qu’il s’approchait dangereusement des véhicules le précédant. Il semblait quoi qu’il se passe que la distance de sécurité ne soit pas un concept connu de notre chauffeur et nous avons donc effectué les derniers kilomètres au péril de notre vie.






C’est fatiguant, un déménagement. Une phrase que j’ai souvent entendue ces derniers temps. Je confirme. D’autant plus en changeant de canton, de situation professionnelle, en ayant plein d’affaires à régler, une maison à nettoyer, des trajets à faire… à la déchèterie et une voiture en panne. En attente d’être rapatriée. Dans le canton de Vaud. Entre temps, je déménage au Tessin. Avec le véhicule de mes parents.


Téléphone avec mon garagiste :

- Je ne pensais pas que c’était du domaine du possible de partir deux fois en Provence avec un véhicule que je n’ai pas fini de payer, et de tomber deux années de suite en panne à mi-trajet.

- Ben, faut plus que vous partiez en France.

Décidément, lui et moi, on n’a pas le même sens de l’humour.

- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle.

Attention, les dégâts.

- Il faut changer le moteur. Sinon, votre véhicule, il est bon pour la poubelle.

Et hop, à la déchète. Depuis le temps que je le dis. Il est drôle, lui, décidément!

- Mais la bonne nouvelle, c’est que Renault prend en charge les frais à cent pour cent, même que vous n’êtes plus sous garantie. Vous aurez un véhicule comme neuf.

- Et sur le fait que je sois coincée sans voiture pendant l’été pour la deuxième fois, que je déménage, que je doive emprunter voire louer un véhicule, sur tous les frais que cela engendre même si une partie est prise en charge par mon assurance, qu’est-ce qu’on fait?

- Mais vous n’allez quand même pas demander de l’argent à Renault???? s’offusque mon interlocuteur. Déjà que le dernier service, vous êtes allée le faire chez un autre concessionnaire.

Tu m’étonnes. Entre lui et Régis, je ne savais plus qui choisir. Mais ça va encore être de ma faute, non? Ah, oui.

- Moi, à votre place, je ne l’ouvrirai pas trop, continue le garagiste.

Il ne l’a pas dit comme ça, mais c'est le message qui a passé.

-- Déjà que Renault vous change ce moteur à ses frais!

- Vous avez raison, je vais plutôt leur envoyer un bouquet de fleurs. A la même adresse que mon recommandé, vous croyez? Parce que j’aurais un peu peur qu’ils le perdent.



J’ai ensuite attendu mon véhicule pendant trois semaines et j’ai dû traverser les Alpes une fois de plus que prévu pour aller le rechercher. Entre temps, les as de la mécanique m’avaient proposé de changer l’embrayage (parce que comme ça, c’est fait), m’avaient trouvé une autre pièce défectueuse (mais bonne nouvelle, c’est pris en charge au tiers par Renault) puis avaient tenté de me faire dire que le problème au niveau de la boîte à vitesses existait déjà avant que ma voiture n’entre dans leur atelier. Parce que bon, vos pneus, à part ça, ils sont dans un triste état.




Je crois qu’au cours de mes conversations téléphoniques avec eux, j’ai plus entendu parler de mes pneus que de ma voiture et de son véritable problème. Parce que vous êtes au courant, Madame, que vos pneus arrivent au bout? Culpabiliser la victime afin de noyer ses propres responsabilités. Oui, merci, cette pratique-là, je la connais déjà dans certains secteurs administratifs de l’Etat de Vaud.



Quelques jours plus tard, j’apprends qu’une connaissance de mon oncle provençal est tombée en panne sur l’autoroute dans l’autre sens que moi. Serait-ce un trajet maudit ou plutôt une concordance de véhicule, comme par exemple un Dacia Duster ?

De là à ce que mon entourage n’aillent fouiller un peu plus loin.

Et hop. Je vous le donne en mille !



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