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Ameno

Photo du rédacteur: KarinKarin

C’est au Piémont dans la province de Novara que nous nous rendons en ce dimanche couvert et froid de février. Le but en étant de découvrir quelques villages et sites d’une région entre deux lacs, celui d’Orta et le lac Majeur. Et normalement le temps devrait s'améliorer.

Première étape, en voiture, le couvent du Monte Mesma où nous ne pourrons entrer que dans la petite église qui n’offre rien de particulier. Mises à part deux niches peintes. Depuis l’esplanade, nous sommes censés avoir une vue suggestive sur le lac d’Orta et le Mont Rose mais c’est à peine si nous distinguons l’île San Giulio. Il peut être intéressant, par temps plus clément, d’effectuer la montée d'un chemin de croix coloré dans cette réserve naturelle appartenant à la commune d’Ameno. Près de ce chemin muletier nous n'aurons croisé qu'Imogène la chèvre qui boulotte tranquillement un bouquet de primevères.





Direction maintenant la tour du Buccione, reste d’un château médiéval, qui se dresse seule et majestueuse sur une colline. D'ici on se défendait des incursions des Huns et l'on sonnait l'alarme en cas d'incendie. Après avoir parcouru un sentier durant une dizaine de minutes, nous atteignons le pied de la tour. Le portail est fermé, malgré un règlement très détaillé des conditions à respecter pour la visite: interdit aux enfants de moins de 5 ans, déconseillé aux cardiaques et téléphone à ôter de ses mains dans les escaliers. Parce que j'imagine qu'en voulant filmer leur story, certains s'y sont cassés la gueule. Une famille rencontrée sur le chemin nous apprend que le site est également cadenassé à la belle saison, va savoir pourquoi, et impossible de connaître celui qui a la clé. Haussement d'épaules désabusé; ce sont des locaux. Malgré sa position dominante, il n’y a rien à voir depuis le pied de la tour car les arbres cachent l’échappée sur le lac. On peut donc se contenter de la contempler de loin.



Quelques kilomètres de plus et nous nous arrêtons devant le Sanctuaire de la Madonna della Bocciola. Ici aussi, par temps clair, on doit avoir une très belle vue sur le lac. Aujourd’hui, c’est à peine si l’on devine les édifices du Sacro Monte émerger du jour blanc. Et le sanctuaire est fermé.



Il n'empêche que si vous aimez les églises, il n'en manque pas dans cette région mais faisant fi de cette chapelle qui nous clignera de l'oeil au bord d'un rond-point, il est temps de nous rendre dans le village qui donne son nom au billet, Ameno, à ne pas confondre avec Armeno, autre bourgade située un peu plus au nord. Pour atteindre le parking, il faut traverser des ruelles conçues pour les chevaux et non pour des voitures de paysan. Mamma mia, j’ai toujours peur de me retrouver coincée entre deux murs. Empêchant une vieille veuve piémontaise de sortir de sa cuisine. Et ce virage à angle droit, je vais le passer comment? C’est à sens unique, on est d’accord? Ah, non.



Ce village se compose de quelques villas et d’anciens palais de nobles, dont le Palazzo Tornielli à côté de l’église colorée, aujourd’hui maison de commune. Le palais, pas l’église. Nous n’y sommes d’ailleurs pas entrés car c’est l’heure de la messe. Non loin nous découvrons le curieux parc néo-gothique Tornielli, autrefois relié au palais par un passage souterrain et devenu public en 1920. Une tour, des fresques en trompe-l’oeil et une ancienne glacière en pierres composent ce petit square où nous ne croiserons personne mais resterons à tournicoter bouche ouverte sous les pins séculaires.




Pour se rendre dans le village suivant, caramba, il faut repasser par les ruelles d’Ameno avec notre char, pas moyen de contourner le bled. Le temps d’apercevoir quelques villas Art nouveau et leurs immenses parcs ainsi que diverses constructions étonnantes et leurs tourelles éclectiques, dans un état relatif pour certaines.



En peu de temps nous arrivons à Miasino. Tout comme Ameno, le village se compose de quelques maisons de nobles, en témoignent des portes d’entrée monumentales et la splendide Villa Nigra. Elle se dresse au fond d'un parc public, à côté d'un restaurant, l'Antico Agnello, où apparemment l'agneau n'est pas trop coriace vu que les seuls bipèdes que nous croisions s'y ruent en ce dimanche maussade. Oublions le resto, à chaque pas c'est un autre pan baroque que nous découvrons jusqu'à rester les yeux écarquillés au milieu d'une cour somptueuse et déserte et de portes... fermées. On ne trouve que peu d’informations sur ces villages et je ne saurais dire ce qu’accueille actuellement cette magnifique villa et si elle se visite.



Nos pas nous mènent dans les hauts du village où une fois de plus nous devinons le lac d’Orta au loin et nous cassons le nez sur la porte fermée de l’église San Rocco, baroque elle aussi. Depuis l’esplanade, nous voyons des toits éventrés qui confirment l’impression que nous avons eue en traversant ce village presque désert. Une habitation sur cinq semble habitée et l’argent manque pour réhabiliter les anciennes demeures qui se dégradent.



Non loin d’Ameno, nous irons encore voir un pont romain qui enjambe la rivière Agogna. Est-ce le froid, ce temps déprimant ou alors je commence à fatiguer, mais je ne vous en conseille pas le détour surtout qu’il faut à nouveau passer entre deux murs au milieu d'un corps de ferme et enjamber le pont lui-même avec notre véhicule.




Nous effectuons une dernière halte à Arona pour admirer le flou du lac Majeur cette fois-ci. Nous nous rendons à la Rocca, soit les ruines d’un château construit vers l'an mille sous le règne des Lombards. Pendant des siècles l'édifice passa d'une vocation purement défensive à refuge et de demeure épiscopale à propriété des Borromeo jusqu'à être détruit vers 1800 par l'armée napoléonienne. De cet endroit, on a une vue magnifique sur les toits de la petite ville d’Arona et on fait face à la Rocca d’Angera, château jumeau mais resté entier, lui.

On a eu un bol incroyable car en cette saison, à part le week-end, le parc est fermé.



Il me reste de cette journée une légère frustration causée par ce temps gris et les portes closes, ainsi que la scie Ameno de Era qui n’a pas arrêté de tourner en boucle dans un coin de mon cerveau.

Allez, je partage, c’est cadeau. 



On retrouvera Orta, l’île San Giulio, le Sacro Monte, Arona et la Rocca d’Angera dans les billets ci-dessous. 

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