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  • Photo du rédacteurKarin

Intégrons !



Dessin KA's d'après photographie

L'autre soir, avec des amis, nous discutions de l’intégration des enfants handicapés dans les classes ordinaires. Parmi nous, il y avait un éducateur spécialisé, une logopédiste, une enseignante et un tailleur de diamants. C'est dire si nous étions à même d'en parler en connaissance de cause. Nous avons émis quelques réserves, il est vrai, sur le bien-fondé de certains de ces placements et sur les réelles motivations de nos dirigeants. Car si l’idée est belle et délicieusement altruiste, elle cache aussi un cruel manque de fonds et de moyens. De fil en aiguille, la conversation s’est orientée sur le vieillissement de la population, le manque de places en Etablissements médicaux-sociaux et la recherche de solutions parallèles. Lorsque tout à coup, l'IDÉE ULTIME m’est apparue.

Il faut intégrer les vieux dans les classes !

Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Imaginez l'enrichissement, autant pour les enfants que pour les personnes âgées. La belle confrontation du passé et de l’avenir. L’intense échange transgénérationnel. Le vieux coûte cher ? Qu’à cela ne tienne, l’opération se fera à moindre frais puisque le personnel est déjà sur place. Il sera facile de faire avaler cette couleuvre de plus aux enseignants à qui l’on demande déjà d’'être éducateurs, infirmiers, parents de jour, flics à la brigade des mineurs, ergothérapeuthes, psychologues et secrétaires. Ils sont habitués à moucher, torcher, ceinturer, ça ne va pas changer leur quotidien d’essuyer un peu de bave au coin d’une bouche et de gérer quelques bruits incongrus, qui passeront bien inaperçus parmi des grognements autistiques. Pousser une chaise roulante ou guider un tintébin, c’est du kif-kif. Enseigner, c’est répéter, qu’ils disaient. Alors, le faire pour le malade d’Alzeihmer ou le cancre bouché du slip, quelle différence ? Et si ça râle, on leur proposera des aides. Pour le grand public, le discours sera parfaitement huilé et emballé comme un sapin dans son sac. Sur le terrain, on veillera à ce que ça ne coûte pas trop cher et que l’aide allouée ne dépasse pas les quatre périodes hebdomadaires par classe.

Dans quelques temps, sans avoir l’air d’y toucher, on gèlera la mesure pour rentrer dans nos frais. Comme la chose sera inscrite dans la caLimErO (la certes approximative Loi sur les intentions massives dans l'Enseignement raté et Obligatoire) les descendants des personnes âgées à charge auront le droit de considérer l’école comme un hôtel et de se plaindre du service à l’étage. Ils pourront exiger de l’enseignant qu’il fasse faire des anneaux à la gym à leur vieux père asthmatique ou qu’il prépare leur tante aphasique à entrer à l’Uni en Lettres.

Bien sûr, il est possible que cela coûte un peu cher en burn-out mais bah, on n'a rien sans rien et l'on règlera le problème plus tard. Entre-temps, on engagera des gens non formés pour remplacer ces cuistres qui auront le mauvais goût de tomber comme des mouches, vu qu'il est bien connu que tout le monde peut faire ce métier de Jean-Foutre beaucoup trop bien payé avec 14 semaines de vacances par année.

On pourra inscrire au programme, qui n'est pas encore suffisamment chargé en objectifs utopiques, un projet pédagogique incluant un système de parrainage. Et j'imagine déjà, dans un monde idéal, la maîtresse s'apprêtant à partir en sortie : "Mettez-vous en colonne. Tout le monde a son handicapé et son vieux ? On peut y aller !"

Finalement, ce n'est pas très difficile de faire de la politique.

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