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  • Photo du rédacteurKarin

Pionniers

Ce soir, d’après ce que nous apprenons aux informations sur la Télévision Suisse romande, "le Tessin est dans une situation dramatique". Et nous, Tessinois devons-nous nous estimer heureux d'avoir été les cobayes involontaires de cette aventure ?

Avant toute chose, je précise que je ne fais pas de politique et j'avoue que jusqu'alors je la suivais très peu. Au point d'être un manche en la matière.


Je ne fais que vous livrer ce que je pense. Et si chacun doit en prendre pour son grade, je ne félicite ici pas les rédacteurs du 19h30, qui ont mainte fois préféré nous parler de sujets que nous jugions de deuxième catégorie à la place de venir voir ce qui se passait ici, dans le foyer de l'épidémie en Suisse. Ils ont contribué ainsi à ce qu'une partie de la population romande nie encore le problème.

Qu'importe, puisqu'il est désormais trop tard, nous autres Tessinois sommes également heureux de vous montrer les limites du fédéralisme. Et peut-être dans une moindre mesure celles des différences linguistiques et culturelles à l’intérieur d’un même pays.

Ce soir, en regardant les actualités sur la RTS, je me suis une fois de plus étranglée en constatant que l’un des seuls professionnels de la santé qu’ils avaient trouvé pour témoigner à Lugano (Moncucco) était un Alémanique. Qui ne comprenait que pouic, en plus. Et n’arrêtait pas de se contredire. Mais ça, on a l’habitude. Notez, c’est peut-être le seul quidam errant que les journalistes aient pu dénicher. Les autres, les vrais, ceux qui servent à quelque chose, ils étaient certainement au front.

Donc, s’il est maintenant établi pour la plupart d’entre vous, rassurez-moi, que le Tessin se trouve en Suisse, et non en Italie, est-ce qu’on pourrait également réaliser que par ici on parle à la base italien, pezzo di merda ?

Je suis très mal placée pour dire cela, moi qui m’exprime dans la langue de mes ancêtres comme une oie finlandaise. Mais tout comme mes compatriotes, et ceci d’autant plus depuis que je vis ici, je souffre d’une petite atteinte à mon identité et j’ai le sentiment de compter pour beurre sous la coupole fédérale.

D’après la presse, le Tessin pourrait devoir sous peu expatrier ses malades dans d’autres cantons. Par pitié, s’il devait m’arriver quelque chose, pourriez-vous faire en sorte que je ne sois pas hospitalisée en territoire sprunz? (même si j’y ai quelques bons amis) (je ne veux pas me fâcher avec tout le monde non plus).

Trêve de plaisanterie, si nous devons au Tessin être les tristes pionniers de cette histoire-là, au moins que cela serve à quelque chose. S’ils sont à ce point-là bouchés du schtroumpf là-haut, bougez-vous un peu plus fort encore en Romandie, avec nous !

Les gens ne comprennent toujours pas les consignes, peut-être aussi parce qu’elles laissent place à trop d’interprétations, il faut donc passer à l’étape supérieure. Pour nous, le constat est évident depuis trop de jours déjà et nous attendons toujours que ces décisions arrivent, tout comme nous attendions d’autres mesures qui ont été prises trop tard. Ou à moitié. Ou toujours pas.

Dans quelques jours, mes chers amis de l’autre côté des Alpes, je ne voudrais pas peindre le diable sur la muraille mais vous allez vous aussi sentir un nouveau vent se lever, une nouvelle page se tourner. Alors faites en sorte que ces asticots se réveillent enfin, même s’il faut le leur faire comprendre en schwyzerdütsch.

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