Karin
Hibernation
Peu à dire depuis janvier, semble-t-il. Pas le temps, pas envie, trop occupée à essayer de faire tenir un crayon de couleur à des ados sans qu'ils ne le plantent dans l'oeil du voisin et à tenter de leur inculquer les différences élémentaires entre une cour de récréation et une salle de dessin. Dans la catégorie "Le plus beau métier du monde", j'en aurais des choses à déballer. Sous le nom de Grande Prêtresse Ti-Kong, je pourrais écrire un roman, que dis-je, une épopée sanglante, une série à rallonges. Mais lorsque je rentre chez moi le soir, je n'ai plus le courage de bidouiller du clavier sur ce sujet inépuisable. J'ai à peine la force de me demander si l'Etat offre des formations accélérées comme policier ou gardien de prison aux enseignants ne sachant comment se recycler.
Sur Facebook, j'ai fait passer plein d'amis au stade de connaissances afin de ne plus être polluée par les partages d'animaux beaucoup trop choux, avis de disparitions bidons, gags débiles, intox, citations hautement philosophiques et autres blagues sexistes. Si bien que, n'ayant gardé que les gens susceptibles de publier quelque chose d'intelligent mais qui ne le font que très peu et certainement pour les mêmes raisons, je n'ai plus rien à dire dans le chapitre "Les réseaux sociaux et moi".
Du côté d'Instagram, le hastag a eu raison de moi et mon coach privé, qui vient de fêter ses quinze ans, se fiche de ma gueule avec mes 10 abonnées mais ne manque pas d'utiliser mon compte pour aller aimer ses propres photos. Ou même celles de sa grand-mère. Je viens d'apprendre ce dernier élément sur une ligne privée. Et comment ça, 11 ? Attendez, ne bougez pas.
Je m'en vais voir de ce pas de quoi il retourne.
Non, en fait, je crois que c'est quelqu'un qui veut me vendre un iPhone 6. Et j'ai pas envie de mettre des coeurs sur ses photos, elles sont moches. Dès demain, je vais donc revenir à mes 10 abonnés.
Je tente par contre de me soigner sans aide extérieure d'une certaine addiction à Pinterest qui n'est pas totalement sans impact sur mon manque de créativité du moment, la chose étant carrément chronophage et relevant de la psychanayse, tout en coûtant beaucoup moins cher.
Oui, car comment dire. Le spleen m'atteint. Je suis quelqu'un qui peut passer d'une crise productive dans un sujet momentané qui a tout de l'hyperactivité enragée, au plus total manque de créativité qui peut me mener à jouer une journée entière sur une application. Si des personnes pensent souffrir du même syndrôme que moi, c'est avec plaisir que je confronterais des témoignages. On pourrait même fonder un groupe sur Facebook et s'organiser un week-end de ski par année.
Dans ce genre de période creuse, même mes carnets ne me sont d'aucune aide.

Regardez-moi ça, c'est lamentable. Il ne faudra pas que j'oublie de parler de ce sujet de carnets dans un prochain post. Effectivement, à l'heure actuelle, je vis une période de créativité hyperactive qui peut être un peu agaçante pour mes proches.
Parce que bon, c'est bientôt le printemps. Dans le jardin, les crocus ont pointé leur nez. J'ose enfin m'acheter un bouquet de tulipes parce que ça deviendrait presque de saison. Mais les fraises, non, toujours pas. Dans mes supermarchés adorés, il semblerait que cela fasse déjà deux mois que l'on fête Pâques. Je ne vais bientôt plus avoir besoin de gratter ma bagnole pendant un quart d'heure chaque matin avant de partir bosser. Et aux Brandons, on a brûlé le bonhomme-hiver. Mais ça, je vous l'ai déjà dit. Faut suivre.

Tableau : KA's
Amaryllis : COOP's